CURIO
OUvroir d'ANthropologie POtentielle
« Les premières fouilles de l’art moderne » Daniel Spoerri 1983-2019
Categories: BIENVENUE

Le 23 avril 1983, l’artiste Daniel Spoerri organise dans les jardins du domaine du Montcel à Jouy-en-Josas un festin baptisé le « Déjeuner sous l’herbe à l’occasion de l’enterrement du tableau-piège ». Ce jour-là, environ 80 personnes, illustres membres de l’élite culturelle, se retrouvent pour participer à une performance de Eat-Art, concoctée par l’artiste signataire de la déclaration constitutive du Nouveau Réalisme, puis membre actif du groupe fluxus. L’enchaînement des événements de cette parodie funéraire, et son squelette dramaturgique,  est le suivant : pendant que les convives dégustent un menu à base d’abats, une grue pelleteuse creuse une tranchée de la même longueur que la table, perpendiculairement à celle-ci. Après le plat de résistance, les mangeurs sont invités à détacher le plateau de leur table et de la déposer au fond de la tranchée, en prenant soin de ne pas déplacer les assiettes, couverts, bouteilles, etc. Les tables sont ensuite recouvertes de terre, la fosse entièrement remblayée. Le repas poursuivit ensuite son cours,  les convives enchaînant fromage et dessert, le tout proprement arrosé, une pluie fine et pénétrante forçant au repli dans le salon du château. L’assemblée se quitte en convenant de revenir bientôt, pour y ouvrir un chantier archéologique original que l’artiste rêvait, non sans jubiler, comme les « premières fouilles de l’art moderne », comme s’il s’agissait de redécouvrir dans leurs propres déchets artistiques une civilisation disparue.

Ce chantier archéologique a bien été ouvert en 2010…. A partir des fouilles archéologiques organisées sur site, moment déclencheur d’une enquête ethnographique, il s’agit de recueillir des témoignages permettant de reconstituer les enjeux d’une situation qui s’est déroulée dans un autre temps. Par une enquête non encore aboutie, on tentera de relier l’événement d’un jour (le « Déjeuner sous l’herbe » du 23 avril 1983), n’impliquant a priori qu’un microcosme (les « happy few »), à un processus socio-culturel bien plus large. Ces témoignages seront croisés avec les découvertes des archéologues associés au projet dès l’origine.

Un projet imaginé par la « Société du déterrement du tableau –piège » (SDTP) http://www.dejeunersouslherbe.org/

En collaboration avec l’INRAP, l’IRIS et ACAPACE.

Avec la participation amusée de Daniel Spoerri.

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